La tombe de la Giclais

 

La tombe de la Giclais

Le texte ci-dessous est extrait du bulletin paroissial de Lestrem "La Voix de Saint-Amé" de janvier 1902

La petite voix de Saint-Amé offre à toutes les personnes qui l’écoutent ses souhaits les plus chrétiens. Chers amis, que Dieu vous rende tous heureux en 1902 ! Qu’il écarte de vous les maladies, les revers, les accidents malheureux, tous les maux du temps ! Qu’il vous donne la sagesse de profiter des joies et des tristesses de cette courte vie pour acquérir des trésors de mérite pour la vie éternelle ! Travaillez, gagnez votre pain, économisez, prospérez en ce monde ! Mais surtout priez et sanctifiez vos âmes pour préparer le bonheur réservé là-haut aux seuls fidèles !

Les hommes passent ; Dieu ne meurt pas. Il nous considère, il nous attend pour nous juger. Tombe de la Giclais

NECROLOGIE

Depuis plusieurs années, la mort impitoyable frappe à coups redoublés autour de nous et choisit de préférence ses victimes dans le bourg parmi ceux et celles qui occupent chez nous les plus hauts degrés de l’échelle sociale et sont les soutiens les plus dévoués et les plus généreux de nos œuvres paroissiales. Elle vient de frapper un coup plus fort que les autres. Puisse-t-il être le dernier pour longtemps !

Au grand matin du samedi 14 Décembre, une sinistre nouvelle retentissait dans les rues. « M. Paul est mort. » La surprise était universelle et la consternation générale. On voit toujours avec peine tomber et disparaître le plus beau chêne d’une forêt. On sentait qu’une perte immense, irréparable était consommée. On avait à peine appris la maladie de M. de la Giclais. Personne ne s’attendait à cet évènement soudain qui fut pour nous tous comme un coup de foudre par un temps serein. On se le disait, on ne pouvait y croire.

Par une nuit ténébreuse, vers 3 heures et demie, une hémorragie subite, imprévue avait enlevé celui dont la constitution semblait défier toute maladie. Depuis quelque temps nous le visitions ; nous concevions il est vrai, de grandes inquiétudes pour l’avenir, mais nous donnions encore à notre distingué paroissien de longs mois à vivre. Aussi, comme beaucoup d’autres, nous avons été aterré par cette fin si rapide, que seule, la religieuse, préposé aux soins du malade, eut à peine le temps de se lever en toute hâte, de se précipiter dans la chambre et de recevoir le dernier soupir du mourant. « Ma sœur ! » s’écria le moribond déjà à demi asphyxié  par son sang. Ce fut son unique et dernière parole.

Madame Paul , réveillée en sursaut, accourut pour ne plus voir qu’un cadavre. Plus morte que vive et baignée de larmes, elle maîtrisa vite son incommensurable douleur pour faire acte de résignation à la sainte volonté de Dieu. Depuis lors, elle se montre la femme forte qui sait supporter avec l’énergie d’une chrétienne intelligente et convaincue les plus rudes épreuves de la vie.

Par une grâce incompréhensible du ciel, sur un conseil que nous suggéra cette courageuse épouse, nous avions proposé, le matin du mercredi précédent, au noble malade une neuvaine et une communion en l’honneur de Marie immaculée. La proposition fut acceptée avec empressement et notre ami vénéra, à notre plus grande édification, nous faisait de lui-même, le soir, une confession générale de toute sa vie. Avait-il quelque vague pressentiment de sa fin prochaine ? Rien ne nous le fit soupçonner. Mais, en chrétien prudent, il voulut être prêt, selon la recommandation du Maître. Le lendemain matin, il faisait la Sainte-Communion avec les plus vifs sentiments de foi.

Qu’il eut raison de profiter de la grâce de Dieu au passage ! Quarante-huit heures après, son âme comparaissant devant le Souverain Juge, où elle arrivait munie de son Dieu Rédempteur, Avec une pareille munition, elle a dû subir un jugement qui ne lui fut pas défavorable. C’est notre ferme espoir.

M. Paul Magon de la Giclais avait 58 ans et 10 mois. C’était un beau caractère qui imposait chez tous l’estime et le respect. D’une taille élevée, toujours digne et noble, il avait une prestance admirée de tous. Dans la région, il jouissait d’une très haute considération tout-à-fait méritée. C’était vraiment un homme supérieur et distingué. Si parfois il rencontrait un contradicteur, un adversaire même, il écoutait, il réfléchissait et, sans s’émouvoir, il accomplissait ce qu’il croyait être le bien sans jamais garder la moindre rancune. Son cœur pas vulgaire du tout, s’élevait au-dessus de toutes les petitesses humaines. Il était maire de Lestrem depuis 20 ans. Président de la Confrérie de Saint-Vincent de Paul, du Comité de l’Ecole Libre et de la Commission de l’Hospice. Sa vie publique laissera de précieux souvenirs aux générations futures. Les multiples travaux de routes, aux courants, aux édifices communaux, à l’hospice, etc, l’Ecole Libre construite à ses frais, la chapelle de Jésus Flagellé, vrai bijou d’architecture gothique, due à la générosité de M. Louis Charles Bocquet de La Couture et de sœur et bâtie selon le plan et soas la minutieuse direction du regretté défunt, nos calvaires, le clocher de Paradis, celui de Lestrem qu’hélas il n’a pas vu achever, ajoutons encore la reconstruction presque complète de son château et de toutes les dépendances etc, resteront comme tout autant de témoins attestant l’activité, l’intelligence, le goût artistique de cet homme de bien si heureusement doué à un haut degré, de qualités rares et nombreuses, qui était à la fois inspirateur, architecte, entrepreneur, directeur assidu et pratique de toutes ces œuvres auxquelles il sacrifiait son temps toujours, son argent souvent, et même parfois sa santé !  Que de fois ne nous a-t-il pas répété au milieu de ces entreprises qui lui causaient tant de fatigues, tant de soucis et même parfois d’ennuis : « Si j’accepte la charge de Maire, c’est uniquement pour me consacrer au service de la société et faire quelque bien ».

Certes, on ne l’accusera pas de s’être enrichi aux dépens de la Commune, pouvions-nous dire du haut de la chaire, le dimanche, lendemain de sa mort, en le recommandant aux prières de la paroisse et en faisant ressortir la perte incalculable, le vide immense qu’occasionnait la disparition de cet homme généreux, loyal et modeste qui donnait plus qu’il ne pouvait (l’avenir le dira peut-être) et qui nous servait de collaborateur si dévoué, si éclairé, si désintéressé. Aux deux messes de ce dimanche, après notre allocution si religieusement écoutée avec toute la sympathie possible, nous invitions nos paroissiens à s’agenouiller tous ensemble et à réciter avec le De Profundis pour celui qui avait à rendre à compte à Dieu non seulement de sa vie privée, mais aussi de sa vie publique. C’était un devoir et un témoignage de reconnaissance envers celui qui s’était tant consacré au bien général de la commune.

Le mardi suivant 17, toute la population de Lestrem était sur pied vers onze heures et demie du matin pour faire au nobre défunt des funérailles aussi solennelles que possible. Les drapeaux étaient en berne, les réverbères étaient allumés et voilés de crêpe. Conseil municipal, Conseil de fabrique, Confrérie des Charitables, Confrérie du Saint Sacrement, membres actifs et honoraires de la Conférence de Saint-Vincent de Paul, musique philarmonique, enfants des Ecoles communales avec leurs maîtres et leurs maîtresses, l’Ecole Libre des Dames de la Sainte Union avec sa bannière formaient un imposant cortège qui se déroulait avec une pompre vraiment funèbre et couvrait la rue depuis l’Eglise jusqu’au cimetière. Tous les vieillards de l’Hospice marchant en ordre, cierge en main formaient une couronne toute particulière autour du cercueil, la foule se tenait silencieuse, recueillie. A la vue de ce deuil général, on sentait qu’on conduisait à sa dernière demeure un personnage qui occupait une place considérable, unique parmi ses concitoyens. Les cordons du poële étaient tenus, par M. Lebleu, conseiller général, M. Bourdon, 1er adjoint, M. Caron, 2ème adjoint, M. Joye, président du conseil de Fabrique, M. Daquin, conseiller municipal, et M. Berton, notaire, secrétaire de la Conférence de Saint Vincent de Paul, M. le Chanoine Depotter, Doyen de Laventie, conduisait le deuil des Messieurs et nos religieuses de la Sainte Union ainsi que de l’Hospice, celui des Dames.

A l’Eglise, toute tendue de noir, la Messe fut particulièrement solennelle.

Au cimetière, trois beaux discours ont été prononcés à la satisfaction de tous : le premier par M. Henri Lebleu, conseiller général, au nom des maires du canton ; le deuxième par M. Auguste Bourdon, premier adjoint, au nom du conseil municipal ; le troisième par M. Eugène Berton, notaire, au nom du Comité de l’Ecole Libre. Nous regrettons de ne pas posséder le discours de M. Lebleu. Mais nous sommes heureux de reproduire ceux de M. Bourdon et M. Berton.

Notons que M. Bourdon fut tellement impressionné devant un pareil cercueil et devant une pareille tombe, qu’après les premières paroles et à plusieurs reprises, des sanglots partant du cœur l’empêchèrent absolument de lire son discours. M. Emile Lefrancq, conseiller municipal, avec sa bonne volonté bien connue, s’offrit aussitôt pour suppléer à la défaillance toute naturelle de M. l’Adjoint, si souvent le conseiller pratique de celui qu’on allait descendre dans son caveau familial.

 

Source : Petites Histoire de Lestrem I par l'association Valorisation du Patrimoine de Lestrem.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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